Résumé |
Récit de voyage parfois drôle et souvent émouvant, Ecuador est le journal tenu par Henri Michaux en 1928, lorsqu'il entreprend un voyage à travers les Andes, les montagnes de l'Equateur et les forêts du Brésil pour arriver un an plus tard à l'embouchure de l'Amazone. De son voyage en bateau (il avait été un temps matelot avant de se lancer dans l'écriture) jusqu'à cette découverte des forêts tropicales, il raconte les moindres détails dans une langue savoureuse. Homme de lettres belge, il dut sa découverte et sa reconnaissance tardive à André Gide. Un de ses premiers écrits (il n'avait jusque là publié que quelques plaquettes), Ecuador révèle son immense talent de poète. Il dévoile en effet ici ses désormais célèbres espaces du dedans, révélateurs à la fois de voyages intérieurs et de ce périple sud-américain . Entre le récit de voyage et le carnet intime (il souffrait à l'époque du coeur), c'est un texte sincère et poétique à souhait auquel nous sommes confrontés. --Florent Mazzoleni "Arrivée à la ferme de Guadalupe Lundi (21 ? février). Au pied du volcan Tunguragua. J'arrivai pour la première fois dans ce pays, comme il faisait à peu près nuit déjà. Il restait deux heures à faire à cheval. Trois cavaliers allaient m'accompagner. Je m'attendais à trotter. On se mit, au contraire, à descendre dans d'invraisemblables pierres, où bientôt, dans l'ombre épaisse, j'étais comme un aveugle. Le cheval connaissait le chemin. À mesure que l'obscurité se faisait plus pleine, son pas devenait plus prudent et sensé. Je le laissais faire. Il tournait ici, puis là, puis atterrissait à un palier plus bas. Il était le plus lent, je perdais de vue les autres, même la jument blanche de Mortensen. On était obligé de m'attendre." |