Résumé |
LEÇONS DE SOLFÈGE ET DE PIANO Le jeudi, après le déjeuner, le petit Louis Poirier vient en charrette de Saint-Florent à Ancenis prendre sa leçon de solfège, suivie de sa leçon de piano, au cours des Demoiselles Quignard. Il en garda un souvenir dégoûté et pénible. En 1968, Pascal Quignard reprit les orgues d'Ancenis des mains de Marthe Quignard. Il évoque ses trois grand-tantes : Juliette, Marthe, Marguerite, toutes trois musiciennes - modestes, délicates, mystérieuses, silencieuses, fascinantes comme les sours Brontë. Ces Leçons de Solfège et de Piano sont issus d'une conférence qui date de 2010. Cette conférence est inédite. Pascal Quignard rend hommage à un ami, Gérard Bobillier, qui venait de mourir. Hommages à Louis-René des Forêts et à Paul Celan. Ce sont des pages éblouissantes sur l'amitié. Il est des choses qui blessent l'âme quand la mémoire les fait resurgir Chaque fois qu'on y repense, c'est la gorge serrée. Quand on les dit, c'est pire encore, car elles engendrent peu à peu, si on cherche à les faire partager par ceux qui les écoutent, qui lèvent leur visage, qui tendent leur visage, qui attendent ce qu'on va dire, une peine ou, du moins, un embarras qui les redoublent. Elles font un peu trembler les lèvres. La voix se casse. j'arrête de parler Mais alors je commence d'écrire. Car on peut écrire ce qu'on n'est plus du tout en état de dire. On peut écrire même quand on pleure. Ce qu'on ne peut pas faire en écrivant, quand on est en train d'écrire, c'est chanter. |