Résumé |
Roger Nimier prédisait : " Ce centenaire fera des jaloux. Il est trop alerte, trop jeune, trop brillant et dernier défaut, le plus grave et le plus insolent : trop modeste. " André Fraigneau écrivait dès 1939 que, " à l'annonce de l'orage épouvantable qui allait fondre sur nous ", il avait voulu faire le recensement de tous les lieux privilégiés d'Europe. Il souhaitait être le scribe de ce suprême catalogue fraternel - catalogue qui débute après son entrevue avec Maurice Barrès en 1921, qui lui conseille de se tremper au grand fleuve, le Rhin, jusqu'au pari lancé en forme de boutade par un Américain dans les années 50. Celui-ci, ami de Michel Déon, mettait au défi un " européomane " de son espèce, fou de ruines, de musique et de jardins, de vivre sa vie aux Etats-Unis, sans rien changer de ses habitudes, cherchant l'Amérique qui lui ressemble. Pendant plus de trente ans, André Fraigneau arpentera les calle de Venise, les piazette de Rome, reviendra transformé du voyage d'Athènes qui selon lui forme le mieux la jeunesse, et se sentira investi d'une mission : " Voir et entendre pour ceux qui ne vouaient ni n'entendaient le spectacle et la symphonie de l'Europe qui est la leur. " " Durant tout le temps que Fraigneau avait pratiquement cessé d'écrire, il me semblait que la nuit tombait plus vite. Je crois maintenant que les jours vont rallonger. " écrivait Antoine Blondin. Espérons que son souhait se réalise ! Il était une fois une enfant, Modesta, née le 1er janvier 1900, dans un monde frustre et rapidement englouti... Non, L'Art de la joie résiste à toute présentation. Roman d'apprentissage, il foisonne d'une multitude de vies. Roman des sens et de la sensualité, il ressuscite les élans politiques qui ont crevé le XXe siècle. Ancré dans une Sicile à la fois sombre et solaire, il se tend vers l'horizon des mers et des grandes villes européennes... " Pourquoi faut-il lire ce livre ? Parce qu'il est un hymne à la joie. A la joie la plus simple qui soit, celle qui émane de la conscience et de l'acceptation sereine de sa propre existence et de celle des autres, personnes et choses, sans lesquelles le bonheur serait absolument impossible. Le XXe siècle, époque de tragédies horribles et d'esprits brillantissimes, se révèle sous un angle différent et les événements qui le caractérisent - guerres et révolutions, sciences et techniques, art et philosophie - portent les stigmates d'une seule femme, Modesta, qui assume les espoirs et la volonté de toutes les autres. " Luca Orsenigo, Corriere della sera. Goliarda Sapienza est née à Catane en 1924, dans une famille socialiste anarchiste. "L'Art de la joie", son chef-d'ouvre, lui prendra plus de dix années de sa vie. Elle meurt en 1996, quelques mois avant la parution du roman en Italie. |