| Résumé |
Serait facile, amusant, de tracer de tout cela des croquis vifs, colorés. Retenir les anecdotes, le côté pittoresque. Ce ne me sera pas possible. Exprimer au contraire la vérité, c'est-à-dire la pauvreté de cette vie en apparence amusante - amusante à la manière des " scènes de la vie de garnison ". [...] C'est la première chose à éviter, le pittoresque. Et la seconde : le lieu commun. On va dire ce qui pourrait, ce qui devrait être : la purification par la souffrance - le sens de la communauté né de la misère commune. Mais je n'ai pas vu cela. Juste le contraire. Et je dirai le contraire. Injustement ignoré par la critique malgré le soutien de Sartre ou de Martin du Gard, l'écrivain Georges Hyvernaud, mort en 1983, mérite largement notre attention. En témoignent ces carnets d'oflag, aujourd'hui réédités. Tenus au jour le jour pendant sa captivité en Allemagne de 1940 à 1945, ces écrits révèlent une personnalité et un talent hors du commun. Protraits de prisonniers de guerre, réflexions sur le sens de l'épreuve, notes de lecture alternent ici, dans un ton empreint tour à tour d'humanisme et de critique acide. A découvrir ou redécouvrir absolument. De juin 1940 au printemps 1945, Georges Hyvernaud note, épingle, à rebours du mythe de la solidarité et de la dignité des compagnons d'infortune, le rétrécissement opéré par la souffrance et l'enfermement. Le tranchant du verbe, l'acuité implacable du regard pourraient laisser un goût amer. Reste au contraire le souvenir d'un livre ardent et lumineux. Celui d'un être qui n'abdique ni ne s'affaisse. L'expression magnifique d'une foi intransigeante en la grandeur de l'homme. Le verbe haut et clair, le style incisif, le ton sarcastique et tranchant excellent dans ces huit carnets épinglant des captifs en mal d'être debout, qui ont dû mal à bien se tenir Des livres qui sonnent comme des avertissements, loin de tout divertissement. Des fragments des camps de Poméranie, à Grossborn puis à celui d'Arnswalde. |